Oymyakon, situé juste au sud du cercle arctique en Russie, est l’endroit habité le plus froid sur Terre. Peu importe à quel point votre propre lieu de résidence peut être froid, il ne peut probablement pas rivaliser avec les températures extrêmes d’Oymyakon.
L’expédition du photographe Amos Chapple à Oymyakon
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Le photographe néo-zélandais Amos Chapple a courageusement voyagé jusqu’à Oymyakon et sa ville voisine, Yakutsk, pour documenter la vie de ses habitants. Il a exploré ce qu’est la vie dans un endroit où la température hivernale moyenne est d’environ -58°F (-50°C).
Oymyakon est souvent appelé le « Pôle du Froid », car il détient le titre de zone habitée la plus froide de la Terre. Il abrite seulement environ 500 habitants. La plupart d’entre eux sont issus du peuple autochtone Iakoute, bien qu’il y ait aussi des Russes et des Ukrainiens. À l’époque soviétique, le gouvernement a attiré de nombreux travailleurs ici en promettant des salaires élevés pour travailler dans des conditions si rudes.
Record historique : la température la plus basse jamais enregistrée
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Un panneau à Oymyakon commémore la température record de -96,16°F (-71,2°C) enregistrée en 1924. Chapple a été frappé par l’étrange vide de la ville lors de sa visite. Il a déclaré : « Les rues étaient complètement désertes. Je m’attendais à voir des gens vaquer à leurs occupations quotidiennes dans le froid, mais les gens en ont en réalité très peur. »
Cette peur est tout à fait compréhensible. Par exemple, si vous sortiez nu un jour ordinaire à Oymyakon, vous mourriez de froid en moins d’une minute. Chapple a noté que les gens se dépêchaient de rentrer dès qu’ils s’aventuraient à l’extérieur.
L’infrastructure unique d’Oymyakon
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Oymyakon ne possède qu’un seul magasin, mais il dispose aussi d’un bureau de poste, d’une banque, d’une station-service et même d’un petit aéroport. Il a également sa propre école. Fait intéressant, ces écoles restent généralement ouvertes sauf si la température descend en dessous de -60°F (-51°C). Tous les bâtiments d’Oymyakon sont construits sur des piliers surélevés pour s’adapter à la couche de pergélisol instable située à environ 4 mètres sous le sol.
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À proximité se trouve une source chaude naturelle qui ne gèle jamais. Les agriculteurs peuvent y amener leur bétail pour qu’il s’abreuve
Malgré les températures extrêmes à l’extérieur, les habitants d’Oïmiakon laissent leurs voitures tourner toute la nuit pour éviter le gel des moteurs. Cependant, les arbres de transmission gèlent parfois malgré cette précaution.
Vivre à l’ère soviétique : Travail et intégration
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À l’époque soviétique, de nombreux travailleurs ont migré vers des régions reculées comme Oïmiakon et Iakoutsk pour les richesses et primes promises. Ces ouvriers, avec les autochtones iakoutes, ont créé un mélange culturel unique dans la région.
Agriculture et élevage à Oïmiakon
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En raison du froid extrême, aucune culture n’est possible à Oïmiakon. L’élevage est la seule forme d’agriculture pratiquée. Les fermiers doivent redoubler de précautions pour garder leurs animaux au chaud et leur fournir de l’eau non gelée.
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Outre l’agriculture, la société russe ALROSA, l’un des plus grands producteurs de diamants au monde, est fortement implantée dans la région. Celle-ci regorge de diamants, pétrole et gaz naturel, ce qui explique pourquoi Iakoutsk, la capitale régionale, est une ville riche et connectée internationalement.
Tourisme dans la ville la plus froide
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Étonnamment, Oïmiakon a développé un petit secteur touristique. Si les étés sont plus supportables avec parfois 32°C, la saison chaude ne dure que quelques mois. Les variations de luminosité sont extrêmes : 3 heures de jour en hiver contre 21 heures en été. Malgré ces conditions, environ 1 000 touristes bravent le froid chaque année.
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Un site promotionnel touristique d’Oïmiakon déclare : « Les visiteurs monteront des chevaux iakoutes, boiront de la vodka dans des verres de glace, goûteront du foie de poney cru, du poisson et de la viande congelés, profiteront d’un bain russe et expérimenteront immédiatement le froid extrême iakoute ! »
Défis de la vie à Oïmiakon
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Importance historique de la route
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La route reliant Oïmiakon à Iakoutsk, surnommée « Route des Os », fut construite par des travailleurs des camps pénitentiaires du Goulag. Des milliers d’ouvriers périrent durant sa construction, et son surnom rappelle sombrement l’histoire difficile de la région.
Le trajet entre Oïmiakon et Iakoutsk prend environ deux jours en voiture. À Iakoutsk, la vapeur des véhicules, des habitants et des usines forme un épais brouillard urbain. Sur les marchés locaux, l’air glacial maintient le poisson et la viande de lapin congelés jusqu’à leur vente.
Un paysage d’une beauté glaçante
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La ville d’Iakoutsk présente des bâtiments et statues enneigés, dont un monument aux soldats de la Seconde Guerre mondiale. Les statues souvent recouvertes de neige renforcent l’atmosphère surréelle de la cité. Les femmes traversent des nuages de vapeur épais générés par les véhicules et les habitants.
Conclusion : Survivre dans l’endroit le plus froid du monde
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La vie à Oïmiakon est indéniablement rude, mais ses habitants se sont adaptés au froid extrême. Leur résilience et leur capacité à survivre dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète sont remarquables. Si le froid reste implacable, les résidents d’Oïmiakon continuent de vivre avec une détermination inébranlable.