Le contraste alimentaire le plus frappant au monde se trouve entre les régions polaires et équatoriales. Bien que nous puissions accéder à diverses cuisines avec une relative facilité, il est difficile d’imaginer ce que mangent les habitants du cercle arctique. Contrairement à d’autres régions, les résidents arctiques ont un accès limité à des aliments variés.
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Qui vit dans le cercle arctique ?
Le cercle arctique s’étend sur huit pays : Russie, Canada, États-Unis, Danemark, Islande, Norvège, Suède et Finlande, abritant environ 4 millions d’habitants permanents. Globalement, plus de 13 millions de personnes vivent près de l’Arctique, y compris des chercheurs et des touristes attirés par son importance stratégique et paysagère.
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Il y a 45 000 ans : l’aube de la cuisine arctique
Avec une température annuelle moyenne de -20 °C (-4 °F) et des minima atteignant -70 °C (-94 °F) pendant les nuits polaires, la survie dans l’Arctique est redoutable. Pourtant, cet étendue glacée n’est pas seulement un réceptacle de traditions anciennes, mais aurait aussi pu accueillir certains des premiers habitants de l’humanité.
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Début 2022, des archéologues ont découvert dans le nord de la Russie, dans le bassin du fleuve Ienisseï, des preuves d’activité humaine remontant à 45 000 ans – soit 10 000 ans plus tôt qu’on ne le pensait. Parmi les trouvailles figurait un squelette de jeune mammouth laineux présentant des blessures correspondant à des outils de chasse humains.
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Les preuves indiquent que les premiers humains stockaient la viande de mammouth en la congelant dans des conteneurs de glace improvisés, jetant les bases des stratégies de survie arctique. Fait intéressant, les méthodes utilisées pour chasser ces créatures massives – comme couper leurs langues pour des rituels ou provoquer des saignements fatals – reflètent des techniques encore pratiquées aujourd’hui par certaines communautés africaines.
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Une vie rythmée par les animaux
Les communautés arctiques ont prospéré en maîtrisant l’art de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Utilisant les peaux animales pour leurs vêtements, elles ont développé des outils de navigation et même prédit les conditions météorologiques. Cependant, leur subsistance principale provenait de la chasse.
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Les Inuits, par exemple, ont des origines historiques dans le nord de la Chine et sont génétiquement apparentés aux populations est-asiatiques. Ils ont traversé le détroit de Béring il y a environ 10 000 ans. Le terme “Esquimau” (signifiant “mangeur de viande crue”) était une appellation péjorative des Amérindiens, tandis que les Inuit se désignent eux-mêmes comme “Inuit”, c’est-à-dire “le vrai peuple”.
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Que mangent les habitants de l’Arctique ?
Aliments de base dans l’Arctique
- Mammifères marins : Baleines, phoques, morses, ours polaires
- Animaux terrestres : Rennes, bœufs musqués, renards arctiques, lièvres arctiques
- Oiseaux et œufs : Mouettes, lagopèdes et petits oiseaux marins
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Les méthodes de chasse sont aussi uniques que l’Arctique lui-même. Pour chasser l’ours polaire par exemple, les chasseurs inuits enduisent des lames de sang animal et les plantent dans la glace. En léchant la lame, l’ours s’entaille sans s’en rendre compte jusqu’à mourir d’hémorragie. La chasse au phoque implique quant à elle de poster des chasseurs près des trous de respiration dans la glace pour frapper avec précision lorsque l’animal remonte.
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Le renne occupe une place particulière dans la vie arctique, fournissant viande pour se nourrir, tendons pour les filets de
Traditions culinaires de l’Arctique
Bien que la viande crue constitue un pilier alimentaire, les habitants de l’Arctique ont développé des méthodes créatives de conservation et de préparation. Les techniques traditionnelles incluent la congélation, le séchage et la fermentation, comme l’Igunaq qui consiste à enterrer la viande en été, la fermenter en automne et la consommer en hiver.
Régime alimentaire unique de l’Arctique
Kiviak : Oiseaux marins enfouis dans un phoque évidé, fermentés sous terre pendant des mois. Les oiseaux peuvent être mangés entiers ou leurs viscères consommés crus.
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Suaasat : Soupe groenlandaise à base de phoque, baleine, renne ou oiseaux marins, souvent assaisonnée d’oignons, pommes de terre et épices.
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Akutaq : Surnommé « glace esquimaude », ce dessert combine de la graisse animale avec des baies et des herbes de toundra pour une friandise sucrée-salée.
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Le « paradoxe esquimau » : Un régime carnivore et une bonne santé
Malgré une alimentation majoritairement carnée, les communautés inuites présentaient historiquement de faibles taux de maladies cardiovasculaires et de diabète. Ce phénomène, appelé
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le « paradoxe esquimau », s’explique par la nature hautement nutritive et non transformée de leur nourriture.
Les mammifères marins arctiques et les poissons d’eau froide fournissent des vitamines A et D, tandis que la viande crue de renne et de phoque apporte de la vitamine C. Cependant, des défis persistent, notamment les infections parasitaires et les problèmes de santé liés aux conditions environnementales extrêmes, entraînant une espérance de vie inférieure à la moyenne nord-américaine.
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