L’interdiction de la viande au Japon a duré plus de 1 200 ans, mais le Japon a-t-il vraiment cessé d’en consommer ? La réalité est bien plus complexe. Malgré les interdictions officielles, des failles ingénieuses ont permis la poursuite de sa consommation. Explorons comment le Japon a secrètement maintenu la viande au menu malgré ses restrictions alimentaires.

Le rôle du bouddhisme dans les lois alimentaires japonaises
L’arrivée du bouddhisme au VIe siècle apporta des influences culturelles chinoises, dont des restrictions alimentaires sur la viande. Alors que le bouddhisme gagnait en pouvoir, son influence s’étendit aux politiques impériales.

Le clan Soga, partisan du bouddhisme, renversa le clan shintoïste Mononobe, conduisant à l’édit de l’empereur Tenmu en 675 interdisant certaines viandes – une prohibition officiellement maintenue jusqu’en 1872 sous l’empereur Meiji.

Que prohibait réellement l’interdiction ?
La restriction n’était pas absolue. Elle ciblait spécifiquement :
- La consommation de bœuf, cheval, chien, singe et poulet
- Manger de la viande pendant la culture du riz (avril-septembre)
- L’utilisation de pièges de chasse et autres outils efficaces

Pourquoi certaines viandes étaient interdites
- Bœufs et chevaux étaient essentiels à l’agriculture
- Chiens servaient à la protection
- Poulets aidaient à mesurer le temps
- Singes étaient perçus comme trop humains
Cependant, cerf, sanglier et poisson n’étaient pas interdits, et leur chasse était répandue. Malgré les restrictions, ces viandes restaient courantes dans les régimes traditionnels.
Comment le Japon contourna l’interdiction
Malgré les restrictions, le Japon développa des méthodes créatives pour continuer à consommer de la viande :

- Sanglier → Yama kujira (« baleine des montagnes »)
- Viande de sanglier → Botan (« pivoine »)
- Venaison → Momiji (« feuilles d’érable »)
- Viande de cheval → Sakura (« fleur de cerisier »)
- Poulet → Kashiwa (« chêne »)
Ces euphémismes permettaient de continuer à consommer de la viande sans l’avouer ouvertement, prouvant que l’interdiction n’était pas aussi stricte qu’on le croit généralement.

La culture carnivore cachée du Japon
Bien que le Japon ait officiellement appliqué des restrictions alimentaires, la réalité était plus flexible. Les interdictions ne constituaient pas des barrières infranchissables mais plutôt des défis ayant conduit à des solutions créatives et à des subterfuges culinaires. En secret, la culture de la viande japonaise prospérait.